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récompense des fautes qu’ils ont commises, du sang qu’a fait répandre leur ignorance et leur imbécillité.

Ainsi passent les choses du monde. Quand on lit l’histoire, il semble qu’on assiste à l’éternelle légende de la Sibylle. Trois fois elle se présente avec ces livres fatidiques qui contiennent l’avenir. La première fois, c’est la plainte d’un simple particulier, la voix du bon sens ; elle se nomme la Raison. La seconde fois, c’est la voix d’un peuple qui souffre, la Sibylle se nomme Réforme. La troisième fois, elle est armée, et se nomme Révolution. Heureux les rois, heureux les peuples qui, laissant à toute pensée une libre carrière, accueillent, dès le premier jour, cette divinité bienfaisante à son premier sourire, et ne se laissent pas entraîner dans ces conspirations de l’ignorance, de l’intérêt et de la passion, d’où la liberté elle-même ne sort que sanglante et mutilée !