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Vieille ou dans la Nouvelle Angleterre ? Si l’accroissement de la population demande deux forgerons au lieu d’un qu’on employait jusque-là, pourquoi le nouveau forgeron n’aurait-il pas la liberté de vivre et de travailler dans le nouveau pays, aussi bien que l’ancien forgeron a le droit de vivre dans le vieux pays ?

« Enfin pourquoi la protection de l’État s’exercerait-elle avec partialité, à moins que ce ne soit pour favoriser ceux qui ont le plus de mérite ? S’il y a quelque différence, il me semble que ceux qui ont agrandi l’Empire et le commerce de l’Angleterre, qui en ont augmenté la force, la richesse, la population, au risque de leur vie et de leur fortune, en des pays nouveaux et étrangers, il me semble, dis-je, que ceux-là ont droit à quelque préférence.

« J’ai l’honneur, etc.

« B. Franklin. »

Voilà une lettre que l’économie moderne avoue complètement, et qui fait honneur aux lumières non moins qu’au patriotisme de Franklin. On ne l’écouta pas, on lutta vingt ans contre la justice et la vérité ; on arriva à la guerre et à la séparation.

Mais l’Angleterre s’est instruite par l’expérience. Aujourd’hui ses colonies sont une part de l’empire, ou, mieux encore, elles sont des empires par elles-mêmes. L’Angleterre les considère du même œil qu’une mère qui voit grandir ses filles ; elle ne leur demande que leur amour, le sentiment d’une commune origine et d’un commun intérêt. Ce n’est plus Pownall, ce n’est plus Franklin qui est un rêveur et un révolutionnaire ; les rêveurs sont les célèbres ministres de l’époque, illustres inconnus qui ont conquis l’obscurité comme