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tiques. Nous aurons quelque jour un empire américain distinct et séparé de la Grande-Bretagne[1].

Pownall s’ouvrit de ce projet au duc d’York, fut bien accueilli par ce prince, demanda une audience au ministre, et naturellement ne l’obtint pas. En pleine paix il songeait aux orages à venir. Pour les sages du temps, c’était un rêveur.

On ne fera pas ce reproche à Franklin.

Ce n’est certes pas un rêveur ce bonhomme Richard, qui cherche si bien l’art de faire fortune, et qui le trouve dans le travail et l’économie. Dans une lettre adressée à Shirley, gouverneur du Massachusetts, Franklin demandait une représentation des colonies dans le Parlement, l’abolition du monopole et des privilèges de la mère patrie :

« Au gouverneur Shirley,
« Boston, 22 décembre 1754.
« Monsieur,

« Depuis la conversation dont il a plu à Votre Excellence de m’honorer, au sujet d’une union plus intime entre les colonies et la Grande-Bretagne, qui s’établirait en accordant aux colonies des représentants dans le Parlement, j’ai réfléchi sur cette question, et je suis d’avis que cette union conviendrait fort aux colonies, pourvu qu’on leur accordât un nombre raisonnable de représentants, et que tous les vieux actes du Parlement qui restreignent le commerce ou paralysent les manufactures des colonies fussent rapportés en même temps. En deux mots, il faudrait que les sujets anglais de ce côté-ci de l’eau fussent, à cet égard, mis sur le même pied que ceux de

  1. Pownal, The Administration of the Colonies. London, 1774, t. I, p. 10 et 46.