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continent, ensuite pour résister aux prétentions de l’Angleterre, et recourir aux armes[1].

Comment se fait-il que des peuples amoureux de leur liberté souffrissent de pareilles gênes dans leur commerce et leur industrie ? c’est ce qu’il est facile d’expliquer, en Europe, par les idées du dix-septième siècle, idées qui ont régné jusque de nos jours ; mais, en Amérique, ces idées avaient fait leur temps ; le commerce, la navigation et l’industrie naissaient d’eux-mêmes sur ce sol fécond, sur cette terre placée en bordure le long des mers, avec les plus beaux fleuves du monde. Là-bas le système prohibitif était une cause perpétuelle d’irritation, et si, lors de la révolution, ce grief s’obscurcit, c’est que la querelle porta sur un point plus vif et plus sensible : le droit prétendu par le Parlement de taxer les colonies, c’est-à-dire de les gouverner chez elles, sans elles, malgré elles. Pour les colons, c’était tout à la fois les attaquer dans leurs privilèges de citoyens anglais, et leur extorquer leur argent.

Dès le commencement du dix-huitième siècle, il ne manquait pas, en Angleterre, de financiers et de politiques qui voyaient de mauvais œil ces républiques américaines, et qui voulaient en détruire l’indépendance. Mais, pendant le ministère de Walpole, toutes ces prétentions jalouses échouèrent entièrement. Walpole a laissé une mauvaise réputation ; on n’a pas impunément contre soi des hommes tels que Swift et Bolingbroke. Il usait d’ailleurs largement de la corruption, et se vantait

  1. Pitkin, p. 104.