Le dernier adieu reçu, Washington sortit de la salle et passa devant le corps d’infanterie pour s’embarquer et traverser la rivière du Nord. Tous les officiers l’accompagnèrent jusqu’à la barque ; Washington y monta, et la tête tournée vers le rivage, il salua, en élevant son chapeau en l’air, l’armée qu’il avait faite et aimée.
De New-York Washington se rendit à Annapolis (Maryland), où se tenait le Congrès, afin de se démettre de son commandement. En passant à Philadelphie, il remit au contrôleur des comptes l’état de l’emploi des fonds qui lui avaient passé dans les mains. Cet état, écrit tout entier de sa main, et appuyé de pièces justificatives, hormis les dépenses secrètes, se montait, pour huit années, à 360 000 francs environ. Les dépenses secrètes figuraient pour un peu moins de 50 000 francs.
C’étaient là ses dépenses personnelles, comme général, tenant table et recevant ses officiers ; vous savez que dès le début de la guerre il avait refusé toute espèce de traitement et déclaré qu’il recevrait une indemnité. C’était une idée toute républicaine : ne rien accepter de son pays, mais ne pas l’obliger par une générosité aristocratique, et qui blesse l’égalité.
Après l’apurement de ses comptes dans toutes les formes, Washington se rendit au Congrès pour résigner en audience publique ce commandement si noblement exercé. Le 20 décembre 1783, le Congrès le reçut comme méritait de l’être le fondateur et le défenseur de la République.
Dans son discours, il n’oublia pas ses chers officiers.