On nous ôtera bientôt la parole, et l’on nous mènera comme des brutes. Je dois à ma conviction sincère et à ce que je crois fermement être l’intention du Congrès, de vous déclarer en terminant que, dans mon opinion, le Congrès est fermement résolu à vous rendre justice ; il n’a jamais été insensible à vos maux ; il ne relâchera rien des efforts qu’il a faits jusqu’ici pour trouver, pour assurer les fonds nécessaires à l’effet d’acquitter ce qu’il vous doit, et de récompenser vos services. Mais toutes les grandes assemblées sont agitées par des intérêts divers, et si la lenteur est inséparable de ces délibérations, ce délai nécessaire doit-il nous faire perdre la confiance ? L’Europe a admiré votre courage et votre patriotisme ; ternirez-vous en un instant une réputation acquise par tant de travaux ? Et pourquoi ? Pour obtenir un peu plus tôt ce que nous demandons. Mais, au contraire, vous l’éloignez plus que jamais.
« Fort de la confiance dont vous m’avez toujours honoré dans les circonstances les plus pénibles, de votre soumission aux ordres de votre chef, animé par cette affection sans bornes pour l’armée que j’ai eu l’honneur de commander, je vous déclare que tous mes efforts seront consacrés à la défense de vos intérêts, sans toutefois porter atteinte aux devoirs supérieurs que j’ai à remplir envers ma patrie, et au respect que je dois aux autorités. Je vous en conjure, ne prenez aucune résolution qui ne s’accorde avec votre dignité, et reposez-vous sur la pureté des intentions du Congrès. Avant que l’armée soit dissoute, vos comptes seront liquidés ; vous en êtes instruits par les résolutions qui vous ont été communiquées il y a deux jours. L’assemblée prendra les mesures les plus efficaces pour vous faire rendre la justice qui vous est due, et pour acquitter des services aussi importants et aussi honorables. Mais au nom de notre commune patrie, au nom de votre honneur qui doit vous être sacré, au nom de l’humanité si vous en respectez les droits, enfin, au nom de l’honneur national et militaire de l’Amérique, exprimez l’horreur que doit vous inspirer l’homme qui, sous des prétextes spécieux, ten-