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rant à l’ombre de vos lauriers, vous iriez retrouver les douceurs de la vie privée et donner au monde étonné un nouveau spectacle : celui d’une armée victorieuse de ses ennemis, victorieuse d’elle-même.

« Un Anonyme[1]. »

Supposez un général ambitieux, cette lettre est l’offre d’une dictature et d’une couronne ; il n’en fallut pas tant pour que l’armée d’Italie, emportée par Bonaparte, fît faire le 18 fructidor ; mais Washington était quelque chose de plus qu’un ambitieux ; toutes ses craintes et tout son amour étaient pour la patrie.

Avec sa prudence ordinaire, il ne combattit pas de front cette adresse qui avait enflammé les esprits ; il se contenta de déclarer dans un ordre du jour que l’invitation anonyme n’était pas régulière, et il fixa à quatre jours plus tard une assemblée où l’on examinerait cette grave question.

Durant ces quatre jours, il vit les officiers l’un après l’autre ; il les calma, il leur ouvrit les yeux, il se fit leur défenseur auprès du Congrès ; aussi quand vint l’heure de la réunion, il put parler avec une modération et une force qui séduisirent tous les cœurs[2].

« Messieurs,

« Une invitation dont l’auteur ne s’est pas nommé vous a engagés à vous assembler ici. Vous déciderez combien un tel acte est subversif de toute discipline, et contraire au bon ordre.

« Après cette invitation, il a paru un autre écrit anonyme

  1. Ramsay, Vie de Washington, p. 223.
  2. Ramsay, Vie de Washington, p. 230.