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longtemps l’ingratitude, vous montrez à l’univers combien vous méritez de porter les fers que vous avez brisés. Pour prévenir ces maux, examinons notre position actuelle ; reconnaissons bien le terrain, et partons de là pour porter un moment notre pensée sur les mesures que nous avons à prendre.

« Enfin, après sept longues années, vous touchez au but de vos travaux ! Oui, mes amis, votre courage toujours inébranlable a conduit les États-Unis de l’Amérique à travers les dangers d’une guerre douteuse. Vous avez assuré leur indépendance, et déjà commencent à briller les premiers rayons de la paix. Et pour qui ? Pour un pays empressé de cicatriser vos plaies, fier de la récompense qu’il doit à vos services, pour un pays jaloux de vous recevoir dans vos foyers avec les larmes de la reconnaissance et les élans de l’admiration, n’ambitionnant que le moment de partager avec vous les douceurs de l’indépendance que vous lui avez procurée, et ses richesses qu’il n’a conservées qu’au prix de votre sang ? Amis, détrompez-vous. C’est pour un pays qui foule aux pieds vos droits ; sourd à vos cris, il insulte à vos misères ; ne l’avez-vous pas éprouvé toutes les fois que vous lui avez adressé vos vœux et exposé vos besoins, besoins et vœux que la politique, sinon la reconnaissance, aurait dû prévenir ; et tout récemment encore, quand vous avez demandé justice, quelle réponse avez-vous obtenue ? La lettre sur laquelle vous êtes appelés à délibérer demain vous la fera connaître. Si tel a été le traitement que vous avez éprouvé, quand vous aviez dans la main cette épée si nécessaire à la défense de l’Amérique, quel espoir vous restera-t-il à la paix, quand vous serez dispersés, quand votre voix ne pourra plus se faire entendre ?

« Vos armes, ces nobles instruments, ces dignes compagnes de votre gloire, une fois déposées, quelle marque distinctive vous restera ? Vos besoins, vos infirmités, vos cicatrices. Serez-vous les seuls qui aurez à souffrir des maux de la révolution ? Ne quitterez-vous les camps que pour vieillir dans la