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1782, remplaçait sir Henry Clinton dans le commandement des troupes anglaises à New-York, tranquillisa bientôt Washington. Sir Guy Carleton annonça que les chances de la paix augmentaient tous les jours ; que les hostilités n’amèneraient que des maux inutiles, et que le plus sage était de garder chacun ses positions. C’est ce qui eut lieu ; mais cette sécurité amena en Amérique une crise où la liberté naissante pouvait être étouffée, sans la sagesse et la magnanimité de Washington.

Sûrs de la paix, le Congrès et les États ne s’occupèrent plus de l’armée, ni des subsistances, ni des traitements. Au mois d’août 1782, les États n’avaient pas encore fourni 80 000 dollars ; c’est à peine si l’on pouvait nourrir les troupes ; il était impossible de les payer.

L’irritation des officiers était grande lorsque, en mars 1783, on reçut la nouvelle que le 30 novembre précédent les préliminaires de la paix avaient été signés avec les commissaires américains. L’armée partagea la joie générale ; mais l’inquiétude vint bientôt. La paix amènerait le licenciement de l’armée ; comment s’acquitterait-on envers elle ? Des députés envoyés à Philadelphie par les officiers annonçaient qu’ils ne pouvaient rien obtenir du Congrès. On pouvait craindre que, la paix signée, ceux qui depuis sept ans avaient donné leur vie et leur santé fussent congédiés sans solde et sans retraite.

Ce fut alors que parut dans l’armée une lettre anonyme qui invitait les officiers à se rassembler le jour suivant pour délibérer sur la réponse à faire aux dé-