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« — Monsieur, répondit le roi, et cette réponse termine naturellement le récit de la guerre, je vous prie de croire et je désire qu’il soit bien entendu en Amérique que, dans la dernière querelle, je n’ai rien fait que je n’aie cru indispensable pour remplir mes devoirs envers mon peuple. Je serai franc avec vous. J’ai été le dernier à consentir à la séparation ; mais puisque la séparation est devenue inévitable et qu’elle est faite, j’ai toujours dit et je vous répète que je serai le premier à rechercher l’amitié des États-Unis comme pouvoir indépendant.

« Le roi était fort ému, raconte Adams, et je l’étais aussi[1]. »

On demande quelquefois à quoi sert la presse, et les écrivains, et tous ces rêveurs qui, au lieu de courir après la fortune, défendent la justice et les droits des peuples : ils servent à éviter ces éternelles souffrances de la guerre, voilà pour les peuples ; et ils épargnent de pareilles humiliations, voilà pour les rois !

Retournons en Amérique.

En apprenant les dispositions du ministère anglais en 1782, le premier sentiment de Washington fut la méfiance ; il craignait que tout ne se terminât par un changement de ministère qui amuserait un moment l’opinion et déciderait le pays à continuer la guerre. Il insistait auprès du Congrès pour qu’on ne s’endormît pas.

L’arrivée de sir Guy Carleton, qui, au mois de mars

  1. Lord Mahon, VII, 218.