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L’adresse fut appuyée par 193 voix, repoussée par 194 ; ce sont de ces défaites qui sont des victoires ; le 27, Corrway représentait une motion semblable sous une forme modifiée ; elle était adoptée par 234 voix contre 215.

Le roi répondit : « Qu’il tiendrait compte de cet avis, et qu’il prendrait les mesures nécessaires pour rétablir l’harmonie entre la Grande-Bretagne et les colonies révoltées. » On remercia le roi ; mais cette réponse ambiguë ne satisfaisait pas l’opposition, et le 4 mars, le général Conway présenta une nouvelle résolution, conçue dans le langage le plus énergique. « La Chambre, y était-il dit, regardera comme ennemis de Sa Majesté et du pays quiconque conseillera ou essayera de continuer la guerre offensive en Amérique, afin de réduire les colonies par la force. »

Lord North déclara la motion inutile, mais n’osa pas s’opposer au vote. Rigby, un bravo de tribune, un de ces hommes qui font du pouvoir un marché, attaqua l’opposition avec une chaleur intéressée ; le jeune Pitt lui répondit sèchement que la nation était lasse de le payer. « Vraiment ? répondit l’impudent. Pour moi, je ne suis point las de recevoir un traitement ; mais je voudrais que mon adversaire me prouvât qu’on est l’auteur de notre ruine parce qu’on reçoit les émoluments de sa fonction. »

L’adresse fut votée ; c’était la fin de la guerre. Le Parlement l’avait commencée, en février 1775, par une adresse au roi ; il la terminait, en février 1782, par une adresse en sens contraire. Sept ans l’avaient éclairé sur