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glais n’avait que 7 000 hommes pour se défendre. La place était faible, et dès le 16 septembre, Cornwallis écrivit à sir Henry Clinton : « La ville n’est pas en état de défense. Si vous ne pouvez pas me secourir prochainement, attendez-vous aux plus mauvaises nouvelles. »

Le 1er octobre, la place était investie ; la flotte française avait donné cinquante pièces de canon de gros calibre et seize mortiers ; Américains et Français rivalisaient de courage et de hardiesse ; le 14, deux redoutes étaient enlevées ; le 18 octobre, les Anglais furent forcés de se rendre, les troupes de terre prisonnières des États-Unis, les troupes de mer prisonnières de la France.

Washington écarta tout spectateur inutile et supprima tout signe de joie publique ; le succès lui suffisait. Les Anglais sortirent, saluant courtoisement les officiers français, regardant d’un air fier ces rudes milices qui cette fois les avaient vaincus[1].

  1. Suivant la tradition américaine, tradition consacrée par un tableau placé au Capitole, de Washington, ce serait le général Lincoln, le vaincu de Charleston, qui aurait reçu l’épée de lord Cornwallis. Les Mémoires de nos officiers français racontent autrement cette grande scène :

    Rochamheau nous dit : « Lord Cornwallis étant malade, le général O’Hara défila à la tête de la garnison. En arrivant, il me présenta son épée ; je lui montrai vis-à-vis de moi le général Washington à la tête de l’armée américaine, et je lui dis que l’armée française étant auxiliaire dans le continent, c’était au général américain à lui donner ses ordres. »

    Mathieu Dumas, dans ses intéressants Mémoires, est plus explicite (Mémoires de Mathieu Dumas. Paris, 1839, t. I, p. 89) :

    « Je fus chargé d’aller au-devant des troupes de la garnison et de diriger la colonne ; je me plaçai à la gauche du général O’Hara. En approchant des tranchées, il me demanda où était le général Rocham-