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nistère des affaires étrangères, montre qu’en ce moment c’était de la France seule que l’Amérique attendait le salut.

Washington expose que l’Amérique, n’ayant pas de richesse accumulée, de capital national, la guerre a épuisé les forces naturelles du pays, et l’a conduit peu à peu à une crise qui rend indispensable le secours de la France, secours immédiat et efficace.

Le papier-monnaie, sans fonds de rachat, est tellement déprécié que la défiance est partout.

Les réquisitions sont impossibles, il n’y a plus de crédit. La campagne de 1780 s’est faite sans un shilling[1].

L’armée a tellement souffert que sa patience est à bout ; elle n’a ni habillement, ni vivres, ni solde ; le mécontentement est partout.

Le peuple est aussi découragé et mécontent. Le premier enthousiasme, qui lui a fait accepter la guerre pour ne pas perdre la liberté, est passé, « Il est à craindre qu’un peuple commerçant et libre, peu accoutumé à de lourdes charges, fatigué de contributions d’un genre nouveau et odieux, ne consente pas à des sacrifices à la hauteur des circonstances, et qu’il ne s’imagine qu’il n’a fait qu’échanger une tyrannie contre une autre. »

De tout ceci résulte, suivant le général :

L’absolue nécessité d’un secours immédiat en argent, secours assez abondant pour permettre à la confédération de rétablir ses finances, de relever le crédit et de donner de l’énergie aux opérations futures.

  1. La Fayette, Mémoires, I, 396.