Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/427

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute la durée de la guerre, et que les officiers qui resteraient au service jusqu’à la paix conserveraient la demi-solde jusqu’à la fin de leurs jours ; deux bonnes mesures qui ne furent exécutées ni l’une ni l’autre.

La première n’était pas d’une exécution aisée, car, en Amérique, l’esprit militaire n’existe point : on se bat bien, mais l’état de soldat est peu considéré ; on veut être libre, même sous les armes, et ne pas s’engager. On s’en aperçut lorsque, le 1er janvier 1781, 1 300 hommes cantonnés à Morristown en Pensylvanie se révoltèrent parce que leur solde était arriérée, ou payée en un papier déprécié, leur misère extrême, et surtout parce qu’on retenait sous les drapeaux un certain nombre de soldats qui s’étaient engagés à servir trois ans, ou durant la guerre, ce qu’ils entendaient et non sans raison d’un terme moindre de trois années.

Les mutins tuèrent un capitaine, blessèrent mortellement un autre officier, marchèrent sur Princeton avec six pièces de campagne, menaçant le Congrès qui était à Philadelphie. Sur l’avis de Washington, on n’employa que la douceur, et on transigea avec les rebelles ; mais aussitôt d’autres désordres éclatèrent, il fallut employer la rigueur pour en venir à bout.

Ainsi l’armée se dissolvait, la banqueroute était imminente, les ressources du pays épuisées ; ce fut alors que, le 15 janvier 1781, sur la demande du Congrès, Washington donna des instructions au colonel John Laurens qui se rendait en France pour solliciter de nouveaux secours d’hommes et d’argent. Cette lettre, écrite de la main de Washington, et qui doit se trouver au mi-