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Washington. On avait demandé l’appui de la France, et dès l’année précédente, la flotte du comte d’Estaing avait paru avec peu de succès sur les côtés de l’Amérique. Mais on n’avait pas demandé de troupes ; d’une part, on craignait toujours que la France ne se rétablît au Canada, et que l’Amérique ne changeât un maître contre un autre ; d’un autre côté, les souvenirs de l’ancienne rivalité étaient assez vivants pour qu’on ne sût pas si Américains et Français combattraient volontiers sous le même drapeau.

La Fayette, qui, suivant le mot du vieux Maurepas, aurait démeublé Versailles pour aider l’Amérique, avait pris sur lui de demander des secours en hommes et en argent ; il venait annoncer à Washington l’arrivée d’une première division française, commandée par le général de Rochambeau, et forte de plus de 5 000 hommes. La seconde division, demeurée à Brest faute de bâtiments de transport, n’arriva jamais.

Les instructions données à Rochambeau par le ministère français étaient pleines de prudence et de délicatesse. Le général et ses troupes devaient, dans tous les cas, être sous les ordres de Washington. Quand les deux armées seraient réunies, les troupes françaises devaient être considérées comme auxiliaires, et céder la préséance en prenant la gauche. À égalité de rang et d’ancienneté, les officiers américains prendraient le commandement.

Ces instructions, communiquées à Washington avant le débarquement des Français, produisirent le meilleur effet. Depuis l’arrivée des Français jusqu’à leur