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capables et les plus vertueux de notre monde américain devraient travailler à l’accomplir.

« Il est fort à craindre que les États, occupés de leurs affaires, n’aient des idées très-incomplètes du danger présent. Beaucoup de gens éloignés du théâtre de l’action, qui ne voient et ne lisent que les écrits qui flattent leurs désirs, s’imaginent que la lutte tire à sa fin, et que tout ce qui reste à faire, c’est de régler le gouvernement et la police de leur propre État ; désirons qu’un triste revers ne vienne pas tomber sur eux comme un coup de foudre inattendu.

« Le public croit qu’en ce moment les États sont mal représentés, que les plus grands intérêts de la nation sont détestablement menés dans le Congrès, soit par manque d’habileté ou d’assiduité, soit par suite de la discorde et de l’esprit de parti. Un tel état de choses est plus déplorable qu’autrefois, car nous sommes très-avancés dans la lutte, et, suivant l’opinion générale, nous approchons d’un heureux dénoûment ; l’Europe a les yeux fixés sur nous, je suis sûr que plus d’un espion politique nous surveille pour découvrir notre situation, et donner avis de notre faiblesse et de nos besoins. »

L’année 1779 se passa de la même façon ; les forces anglaises, fort réduites, se bornaient à faire quelques expéditions sur les côtes, qui n’étaient que des cruautés et des ruines inutiles. L’armée américaine, également diminuée, mal payée, mal vêtue, mal nourrie, ne pouvait rien empêcher. De part et d’autre on attendait l’arrivée des troupes françaises, qui devaient, pour ainsi dire, décider l’affaire avec les Anglais.

Cependant la misère était générale, le papier-monnaie avait pris de telles proportions qu’il perdait toute valeur ; on l’avait pris au 20e, au 40e au 100e de son prix nominal. Un officier anglais raconte, dans ses