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En deux mots, les commissaires pouvaient accepter toutes conditions, hormis l’indépendance. Obtenir la réconciliation à tout prix, c’était leur mandat. Le Parlement se réservait le droit de confirmer la paix.

Quand lord North eut fini son discours, il se fit un profond et triste silence dans la Chambre. Le parti ministériel était abattu. Qu’était donc devenu cet entêtement qu’on prenait pour de la force ? L’opposition prit la parole, par la bouche de Fox, pour complimenter le ministre de son heureuse conversion, et en même temps pour s’étonner qu’un ministre, changeant aussi complètement d’avis, restât au pouvoir. Lord North croyait-il avoir la lance d’Achille pour guérir les blessures qu’il avait faites ? Pouvait-il s’imaginer que l’Amérique recevrait la paix de cette main douteuse, et qui ne serait jamais celle d’un ami[1] ?

Fox avait raison, mais dans la forme seulement, car lord North était résolu à quitter le pouvoir, et à laisser la place à un ministre moins compromis. Les deux bills furent votés, et le 11 mars 1778 reçurent l’assentiment royal.

Deux jours plus tard, le 13 mars 1778, l’ambassadeur de France, le marquis de Noailles remit à lord Weymouth, secrétaire d’État, une note qui annonçait formellement le traité d’alliance et d’amitié conclu entre la France et les États-Unis. Cette note était conçue en termes qui, par la force des choses, semblaient ironiques et dérisoires. Elle rappelait que, depuis le 4 juillet 1776,

  1. Lord Mahon, VI, 227.