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causes de la Révolution. D’une part, la guerre d’Amérique endetta la France, et amena indirectement la réunion des états généraux ; de l’autre, cet appui prêté à des insurgents, à des révoltés contre l’autorité légitime, fut, dit-on, d’un mauvais exemple ; enfin, ajoute-t-on, les amis de La Fayette, et les officiers envoyés en Amérique avec Rochambeau, les Américains, comme on les appelait au début de la Révolution, rapportèrent du nouveau monde des idées subversives et républicaines qui amenèrent la chute même de celui qui avait affranchi les Américains.

Selon moi, ces reproches sont mal fondés, et reposent sur un vieux sophisme : Post hoc, ergo propter hoc. La France était tombée depuis la paix de 1763 et la perte du Canada. S’il est un pays qui ne supporte pas l’humiliation au dehors, c’est le nôtre. Pourquoi la France n’aurait-elle pas saisi l’occasion d’une revanche ? Ce n’est pas elle qui avait soulevé l’Amérique ; elle n’avait pas joué le rôle que quelques années plus tôt les Anglais avaient joué en Corse, contre nous ; elle trouvait un peuple libre, indépendant, soutenant ses droits les armes à la main. Pourquoi donc n’eût-elle pas traité avec eux ?

Mais l’esprit d’indépendance ? Cet esprit n’existait-il pas en France ? Est-ce que Voltaire et Rousseau n’avaient pas écrit avant 1776 ? Est-ce que la Révolution française s’est faite sous l’empire des idées américaines ? Hélas ! non, malheureusement ! Tout ce qu’il y avait d’Américains en France, Jefferson, Gouverneur Morris, ont prédit l’avortement de la Révolution de 1789, parce