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le pouvoir de l’Angleterre par la séparation des colonies.

La seule chose que demandait le roi, c’est que les États-Unis s’engageassent à maintenir leur indépendance, et à ne jamais rentrer sous l’obéissance du gouvernement anglais[1].

Il faut rendre justice à Louis XVI : il était impossible d’offrir à un peuple des conditions plus justes et plus honorables ; en même temps, comme toujours, la justice ici c’était la suprême habileté.

En traitant avec les États-Unis sur le pied d’égalité, en ne demandant aucune faveur particulière, aucun monopole commercial, on permettait à l’Angleterre de finir la guerre aussitôt qu’elle voudrait, en acceptant le pied d’égalité commerciale avec la France. À lui fermer les États-Unis, on l’obligeait à des efforts désespérés.

Ce n’est pas tout ; cette libre et généreuse politique faisait de l’indépendance américaine la cause commune de tous les peuples commerçants. La défaite des États-Unis, c’était le retour du monopole britannique ; leur victoire, c’était l’ouverture du nouveau continent à tous les peuples du vieux monde, c’était le triomphe de la liberté commerciale. Les États-Unis avaient pour eux le droit, on y joignait l’intérêt de l’Europe entière ; l’Angleterre se trouvait ainsi sans un allié, et jouait un jeu doublement odieux.

Ce traité, qui ne fut signé que le 6 février 1778, a été souvent reproché au roi Louis XVI comme une des

  1. Ramsay, Amer. Rev., II, p. 65.