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Il fallait ce temps aux ministres pour rallier leurs partisans abattus, et pour prendre une résolution.

La Cour de Versailles n’eut point de pareilles hésitations. La campagne de 1777, la prise de Burgoyne avaient prouvé que les Américains étaient en état de se défendre ; c’étaient des ennemis de l’Angleterre, leur amitié était désirable pour la France.

Le 16 décembre 1777, les commissaires des États-Unis furent informés par M. Gérard que le roi était décidé à reconnaître l’indépendance des États-Unis, et à faire un traité avec eux ;

Que dans ce traité le roi ne prendrait aucun avantage de leur situation, pour en obtenir des conditions qu’en d’autres temps ils n’accorderaient pas ;

Que Sa Majesté Très-Chrétienne désirait que le traité une fois fait fût durable, et que l’amitié subsistât toujours entre les deux pays, ce qui n’était pas possible, si chaque nation n’avait intérêt à conserver l’alliance aussi bien qu’à la conclure.

L’intention du roi était donc de traiter avec les nouveaux États comme s’ils étaient depuis longtemps établis, et dans toute la plénitude de leur force et de leur pouvoir.

Le roi était décidé non-seulement à reconnaître, mais à soutenir l’indépendance de l’Amérique.

En agissant ainsi, sans doute il serait engagé dans une guerre, mais le roi ne demandait aucune compensation aux États-Unis ; car ce n’était pas seulement par bon vouloir pour les États-Unis qu’il agissait, mais aussi dans l’intérêt de la France, et pour diminuer