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rassurés par les ministres ; on leur déclara qu’on ne croyait pas que la France ni l’Espagne entretinssent des dispositions hostiles contre la Grande-Bretagne, que d’ailleurs l’Angleterre avait 42 vaisseaux de ligne en commission, dont 35 à la mer, et qu’une pareille marine pouvait défier toute la maison de Bourbon.

La Chambre, rassurée par cette vérité ministérielle, et ne demandant qu’à être trompée, repoussa l’amendement de Chatham par 97 voix contre 28. Aux Communes, le même amendement, présenté par le jeune marquis de Granby, soutenu par Burke et par Fox, fut repoussé par 283 voix contre 86[1].

Quelques jours plus tard, le 2 décembre 1777, arriva la nouvelle de la reddition de Burgoyne ; ce fut un coup de foudre. Ce n’était d’abord qu’un bruit vague ; des déserteurs anglais avaient apporté ces rumeurs à Ticonderoga, et de là ces rumeurs avaient gagné Québec. Mais vers le 15 décembre on reçut les dépêches de Burgoyne ; c’en fut assez pour abattre lord North, qui, dès le premier jour de la guerre, avait servi une passion qu’il ne partageait pas ; il déclara à la Chambre qu’après les fêtes de Noël, il lui proposerait d’examiner quelles concessions on pourrait faire à l’Amérique pour en obtenir un traité de réconciliation. Chatham à la Chambre des lords, Burke et Fox à la Chambre des communes, insistèrent pour que le Parlement ne mît point de retard à cette affaire urgente ; on s’ajourna au 20 janvier.

  1. Lord Mahon, VI, 215.