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et impartial, ils se sont moqués de ces ridicules imaginations qui font sortir de saintes effluves des doigts épiscopaux) ; c’est pourquoi ils ont établi l’ordination pastorale sur le fondement de la Bible et du sens commun.

« Ces émigrants avaient un souverain mépris pour toutes ces misérables inventions de la légitimité, de l’oint du Seigneur, de l’origine divine et miraculeuse du gouvernement ; nuages et mystères dans lesquels les prêtres ont enveloppé le monarque féodal, et d’où ils ont tiré les plus funestes doctrines : celle de l’obéissance passive et de la non-intervention. Les puritains savaient au contraire que le gouvernement est chose simple, claire, intelligible, fondée en nature et en raison, accessible au simple bon sens. Ils détestaient les devoirs humiliants, l’obéissance servile du système féodal ; ils croyaient que toutes ces sujétions d’esclave étaient aussi incompatibles avec la nature humaine qu’avec cette liberté religieuse par laquelle Jésus-Christ nous a affranchis.

« Rappelez-vous, toutefois, qu’il faut défendre la liberté à tout hasard. Nous y avons droit ; ce droit, c’est notre Créateur qui nous l’a donné. Quand nous ne l’aurions pas de nature, nos pères nous l’auraient conquise et achetée au prix de leur bien-être, de leur fortune, de leurs sacrifices et de leur sang. Et l’on ne peut garder la liberté, s’il n’y a chez le peuple une éducation générale ; le peuple, par sa nature même, a droit à l’instruction, puisque son grand Créateur, qui ne fait rien en vain, lui a donné l’intelligence et le désir de savoir. Mais en outre le peuple a un droit incontestable, imprescriptible, un droit divin de connaître le caractère et la conduite de ceux qui le gouvernent. Les gouvernants ne sont que les mandataires, les agents, les fidéicommissaires du peuple ; s’ils trahissent ou s’ils négligent misérablement la cause, l’intérêt, le dépôt qu’on leur a remis, le peuple a le droit de révoquer l’autorité qu’il a donnée lui-même ; il a le droit de constituer des agents meilleurs et plus capables. Répandre les lumières et les connaissances parmi les derniers rangs, a plus d’impor-