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Ces horreurs, qui eussent abattu un peuple faible, soulevèrent le peuple énergique de la Nouvelle-Angleterre. Ce n’est pas un peuple de soldats, l’armée est pour lui une servitude. Mais décrocher son fusil du mur, monter à cheval et courir au danger, c’est là ce qu’il excelle à faire. Amis, parents, tout l’encourage, et tel qui n’a que deux couvertures en donne une à celui qui part pour défendre le pays.

Burgoyne eut bientôt en face de lui une armée de 13000 hommes, armée sans ordre et sans discipline, qui n’eût pas tenu en plaine, mais composée d’hommes résolus, braves, et tireurs admirables. Les Anglais n’en firent que trop l’expérience.

Cette armée avait pour chef le général Gates, Anglais d’origine ; il n’avait qu’un talent médiocre ; mais sous ses ordres était un Américain hardi et plein de ressources ; c’était Arnold, que l’envie devait jeter plus tard dans les bras des Anglais, pour y mériter le renom d’un traître, et pour échouer misérablement.

La première rencontre eut lieu à Bennington, entre un corps allemand, commandé par le colonel Baum, et les milices de New-Hampshire, commandées par le général Stark. Dès qu’il aperçut l’ennemi, Stark se tourna vers ses soldats : « Mes enfants, leur dit-il, voilà les habits rouges, il faut qu’ils soient à nous, où Molly Stark sera veuve ce soir. » Les Anglais et les Allemands furent battus, repoussés, ayant 200 tués et 700 prisonniers.

Cette affaire de Bennington, véritable escarmouche, arrêta Burgoyne. Pour ne rien donner au hasard, il voulut s’assurer de trente jours de vivres, et resta près