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les soldats à défricher cet endroit désolé et à s’y construire des baraques pour l’hiver. La saison fut rude, la misère très-grande, mais Washington souffrait comme le soldat, personne n’osa murmurer.

Tandis que ces événements se passaient en Pensylvanie, d’autres événements, non pas plus honorables, mais plus heureux pour l’Amérique, avaient lieu au Nord. Là les Américains étaient victorieux, et les Anglais humiliés.

Nous avons vu que les Anglais, utilisant à leur profit les souvenirs de la politique française, avaient résolu d’envahir les Colonies-Unies par le Canada. C’était une façon d’isoler la Nouvelle-Angleterre en occupant la ligne qui va des lacs canadiens à New-York par le fleuve Hudson. On avait réuni 7 000 hommes de troupes allemandes et anglaises ; les Allemands commandés par le général Riedesel, les Anglais par le général Burgoyne.

À la fin de juin 1777, l’armée partit de Crown-Point, sur le lac Champlain, et s’empara de Ticonderoga, et peu après du fort Edouard ; elle arrivait ainsi dans la vallée de l’Hudson.

La marche était difficile, il fallait traverser des bois et des marais sans routes. Il n’était pas aisé de tirer des vivres du Canada ; on n’avait que des viandes salées venues d’Angleterre, et transportées par le Saint-Laurent et le lac Champlain. On avançait néanmoins, en poussant devant soi des Indiens, qui pillaient et tuaient les ennemis, et quelquefois même les amis[1].

  1. Voir l’histoire de miss Mac-Rea dans Lord Mahon, VI, 179.