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cher derrière des murs, prenaient l’offensive et venaient attaquer l’ennemi. Que leur manquait-il pour réussir ? La discipline, cette unité que la guerre enseigne avec le temps.

Ce qui est sûr, c’est qu’en France, pays où l’on est bon juge en fait de courage, cette bataille fut très-remarquée. Et lorsque, quelques mois plus tard, en décembre, les commissaires américains conclurent le traité d’alliance avec la France, le comte de Vergennes leur dit : « Vos troupes se sont bien battues en plus d’une occasion, mais rien ne m’a plus frappé que de voir le général Washington attaquer l’armée du général Howe et lui livrer bataille. Amener à ce point une armée de nouvelle levée, cela promet tout pour l’avenir[1]. »

Après la bataille de Germantown, Washington se retira à Whitemarsh, forte position à quatorze milles de Philadelphie. Les deux Howe, l’amiral et le général, purent alors attaquer les forts qui défendaient la Delaware ; les Hessois attaquèrent le fort Redbank ; ils échouèrent, et leur commandant, le comte Donop, mortellement blessé, fut fait prisonnier. Transporté dans le fort, il y fut soigné par un Français, Duplessis de Mauduit, officier du génie, qui avait pris du service en Amérique.

« Ma carrière finit de bonne heure, dit l’Allemand en rendant le dernier soupir, je meurs victime de mon ambition et de l’avarice de mon souverain. »

Donop et Mauduit, c’était l’ancien et le vieux monde aux prises, le soldat et le citoyen, le mercenaire et l’homme qui ne se bat plus que pour la liberté.

  1. Sparks, Wash., t. II, p. 31.