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des affaires étrangères, avec une froideur qui équivalait à un congé ; il fit passer au Congrès un petit billet ainsi conçu : « D’après mes sacrifices, j’ai le droit d’exiger deux grâces : l’une est de servir à mes dépens, l’autre est de commencer comme volontaire. »

Ce style nouveau réveilla le Congrès, qui vota le 31 juillet 1777 une résolution ainsi conçue :

« Attendu que le marquis de La Fayette, par suite de son grand zèle pour la cause de la liberté, dans laquelle les États-Unis sont engagés, a quitté sa famille et les siens, et est venu à ses frais offrir ses services aux États-Unis, sans réclamer ni traitement ni indemnité particulière, et qu’il a à cœur d’exposer sa vie pour notre cause, résolu : que ses services sont acceptés, et qu’en considération de son zèle, de l’illustration de sa famille et de ses alliances, il aura le rang et la commission de major général dans l’armée des États-Unis[1]. »

Peu de jours après il fut présenté à Washington, et vit l’armée américaine, onze mille hommes, mal armés, plus mal vêtus ; les mieux habillés avaient de larges vestes de toiles grises ; il y avait loin de là aux mousquetaires noirs. — « Nous devons être embarrassés, dit Washington, de nous montrer à un officier qui quitte les troupes françaises. » — « C’est pour apprendre et non pour enseigner que je suis ici, » répondit La Fayette ; et il ajoute : « Ce ton réussit, parce qu’il n’était pas commun aux Européens[2]. »

Dès lors commença entre Washington et La Fayette une amitié paternelle et filiale qui ne cessa jamais ; mais

  1. Mémoires de La Fayette, p. 19.
  2. Ibid., p. 20.