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de part et d’autre par les croisières des deux pays ; lord Stormont fit à cette demande la réponse laconique qui suit : « L’ambassadeur du roi ne peut recevoir des rebelles aucune communication, à moins qu’ils ne viennent implorer leur grâce de Sa Majesté. » Franklin renvoya la lettre avec ces mots : « En réponse à une lettre qui touche aux intérêts les plus sacrés de l’humanité, nous avons reçu la note indécente ci-incluse ; nous la renvoyons à Votre Seigneurie pour qu’elle fasse de plus sérieuses réflexions. »

J’ai dit que Franklin avait beaucoup contribué à la conquête de l’opinion ; il est un homme qu’il faut mettre à côté de Franklin, et qui fit plus peut-être, car il était Français, c’est La Fayette.

Gilbert de Motier, marquis de La Fayette, était né en 1757 ; son père, colonel des grenadiers de France, avait été tué à Minden, quelques jours avant la naissance de son fils ; sa mère, morte en 1770, l’avait laissé orphelin à treize ans, et possesseur d’une grande fortune, 200 000 livres de rente. Suivant l’usage, on l’avait fait officier quand il n’était qu’un enfant ; il était entré aux mousquetaires noirs ; ce qui n’empêchait pas qu’on le mît au collège, d’où il ne sortait qu’aux jours de revue. De là il était passé à l’Académie de Versailles pour apprendre à monter à cheval ; à seize ans, on l’avait marié à mademoiselle de Noailles, et envoyé au régiment, à Metz.

Ce fut là qu’en 1776 il fut invité par le maréchal de Broglie à dîner avec le duc de Gloucester, frère du roi d’Angleterre. Le duc, qui avait à se plaindre de la façon