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cause, qui est celle de l’humanité si souvent offensée par l’Angleterre ; si leurs moyens militaires et pécuniaires étaient au point de développement et d’énergie convenable, et proportionnés à leur puissance effective, il faudrait sans doute leur dire que la Providence a marqué ce moment pour l’humiliation de l’Angleterre, qu’elle l’a frappée de l’aveuglement, qui est le précurseur le plus certain de la destruction, et qu’il est temps de venger sur cette nation les menaces qu’elle a faites depuis le commencement du siècle à ceux qui ont eu le malheur d’être ses voisins et ses rivaux.

« Il faudrait alors ne négliger aucun des moyens possibles pour rendre la campagne prochaine aussi vive qu’il se pourrait, et pour procurer des avantages aux Américains.

« Le degré d’acharnement et d’épuisement des deux partis, qui en résulterait, déterminerait alors l’instant de frapper des coups décisifs, qui feraient rentrer l’Angleterre dans l’ordre des puissances secondaires, lui raviraient l’empire qu’elle prétend exercer dans les quatre parties du monde avec autant d’orgueil que d’injustice, et délivreraient l’univers d’un tyran avide qui veut à la fois engloutir tout le pouvoir et toutes les richesses.

« Mais, ajoute M. de Vergennes, ce n’est pas là le point de vue où les deux monarques veulent se placer ; leur rôle paraît, dans la conjoncture actuelle, devoir se borner à une prévoyance circonspecte mais active. »

Le système était donc de voir venir, et la politique acceptée par Louis XVI était celle-ci :

1° Continuer à entretenir avec dextérité la sécurité du ministère anglais sur les intentions de la France et de l’Espagne.

2° Donner aux insurgents des secours secrets en munitions et en argent.

3° Ne point pactiser avec eux jusqu’à ce qu’ils se ren-