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merce, qui avant la guerre s’élevait à 7 millions livres sterling (175 millions francs) par an, et qui doit grandir avec la rapide croissance de notre peuple[1] ? »

Cette nation vers laquelle l’Amérique insurgée jetait les yeux, c’était son ancienne ennemie, la France ; aussi, dès le mois de mars 1776, voyons-nous le Congrès envoyer Silas Deane, du Connecticut, comme agent politique près de la cour de Versailles.

Silas Deane arrivait comme simple marchand ; il devait, suivant ses instructions, solliciter une entrevue avec le ministre des affaires étrangères, le comte de Vergennes, et demander au gouvernement français, ou de lui fournir, ou de lui laisser acheter ce qu’on ne pouvait se procurer en Amérique : des vêtements, des armes, des munitions pour vingt-cinq mille hommes, et cent pièces de canon de campagne. En même temps Silas Deane devait sonder le ministre, pour savoir si la France reconnaîtrait l’Amérique indépendante ; il offrait de transférer à la France les avantages commerciaux dont l’Angleterre jouissait précédemment.

Silas Deane arriva à Paris vers le 1er juillet 1776 ; son arrivée fut aussitôt connue à Londres, et lord Stormont fut envoyé tout exprès à Paris pour surveiller les mouvements de l’agent américain.

Néanmoins, par l’intermédiaire d’un ami de l’Amérique, M. Dubourg, Silas Deane fut facilement introduit à Versailles auprès de M. de Vergennes.

Dès le mois de mars, un mémoire, rédigé par M. Gé-

  1. Pitkin, I, 385.