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Dans la Chambre des communes, l’opposition ne fut pas moins vive : à ces terribles accusations, les ministres avaient une réponse toute prête, une arme d’un métal si dur, qu’après avoir tant servi elle est encore toute neuve, et durera sans doute autant que l’ignorance et la crédulité. Ceux qui défendaient l’Amérique étaient les ennemis de l’Angleterre ; il n’y avait qu’à les faire taire pour que tout allât bien. N’est-il pas évident que, si on pendait tous ceux qui se plaignent de souffrir, il n’y aurait plus de malades, et que tout le monde se porterait bien, officiellement ?

Le ministre proposa donc la suspension partielle de l’habeas corpus ; un bill qui permettait à Sa Majesté, (c’est-à-dire aux ministres) de saisir et de détenir toute personne chargée ou soupçonnée du crime de haute trahison commis en Amérique, ou sur les hautes mers. La course devenait piraterie.

« Nous avons, disait lord North, beaucoup de prisonniers que, pendant la guerre présente, nous avons saisis en flagrant délit de haute trahison ; et il y a des gens coupables de ce crime qu’on pourrait arrêter, mais que, faute de preuves, on ne pourrait pas garder en prison. »

Et faute de preuves on s’attribuait le droit de les interner ou de les exiler.

« Nos libertés sont en danger, cria Fox, qui venait de passer à l’opposition, et commençait à sentir que l’arbitraire blesse souvent ceux-là même qui l’ont établi.

« Qui sait, ajouta-t-il, si, dans la plénitude de leur malice,