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secret ; la convocation de l’Assemblée était fixée par la loi. Le salaire du gouverneur était discuté chaque année ; le vote des subsides contenait d’ordinaire pour plus de garantie la nomination des agents chargés de surveiller la dépense.

Les libertés municipales étaient des plus larges ; la liberté religieuse (sauf une exception fâcheuse contre le catholicisme) était complète ; il n’y avait ni incapacités politiques attachées à une communion, ni Église établie. La terre était entre les mains de libres propriétaires ; il n’y avait point de servitudes féodales qui gênassent la souveraineté du maître. Enfin, sur tout le continent, chacun avait des armes, et il n’y avait d’autres troupes que des citoyens.

Il y avait donc chez le peuple américain beaucoup plus d’indépendance personnelle, et beaucoup plus de puissance politique que chez le peuple anglais[1]. C’était une pure démocratie, comme est aujourd’hui le Canada ou l’Australie pour qui ne se paye pas de mots.

Cette liberté, la métropole s’en effraya quand le pays eut grandi ; il y eut plus d’une lutte de la part des gouverneurs et de l’Angleterre. Les gouverneurs sentaient tout l’avantage d’un budget fixe, et d’une longue durée des Assemblées, pour maîtriser la résistance des députés ; mais, si l’on veut s’assurer de l’esprit des colons, qu’on lise les réclamations présentées en 1680 au duc d’York par les colons de New-Jersey[2].

  1. Bancroft, American Révolution, t. I, p. 16.
  2. Pilkin, Political and Civil Hist. of the U. S. New-Haven, 1828, t. I, p. 80.