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et demandait des hommes et de l’argent. Lord Rockingham proposa un amendement qui ne réunit que quarante-six votes[1] ; la Chambre des lords était décidée à ne rien voir que par les yeux du ministère : moyen infaillible de perdre un pays, en se proclamant conservateur.

Vers la fin de la session, le 30 mai 1777, Chatham, plus goutteux et plus malade que jamais, reparut après deux ans de retraite forcée ; il se fit transporter à la Chambre des lords, tout enveloppé de flanelle, et se soutenant sur sa béquille pour parler.

Il proposa une adresse à la couronne, déclarant que le Parlement regrettait la guerre contre nature que la Grande-Bretagne faisait à ses colonies, et priant Sa Majesté de prendre de promptes mesures pour en finir de la seule façon juste et raisonnable, c’est-à-dire en écartant des griefs accumulés, en laissant aux Américains le droit de disposer de leur argent.

Il attaqua les ministres avec une virulence extrême sur un point où ils étaient faibles, le secours mendié aux Allemands et aux sauvages ; il ajouta (c’était son idée fixe) que l’Angleterre était sans défense contre les sinistres projets de la France ; qu’on avait dégarni le pays, qu’il n’y avait pas cinq mille hommes en Angleterre, pas davantage en Irlande, ni plus de vingt vaisseaux de guerre en état de servir.

« Mylords, dit-il, sans la paix, sans le retour immédiat de la tranquillité, la nation est ruinée. Quelle a été la conduite

  1. Après ce vote, Rockingham et ses amis se retirèrent de la Chambre et n’y parurent plus que pour voter des bills d’intérêt privé. Singulier patriotisme que celui qui abdique ! Lord Mahon, VI, 145.