voyer à l’État, auquel ces accusés appartiendraient, leur nom, le délit, et la liste des témoins. Washington remercia le Congrès, en disant avec sa modestie ordinaire : « Si mes efforts ne sont pas couronnés de succès, la faute devra, je pense, en être imputée à notre malheureuse situation et aux difficultés que j’ai à combattre, plutôt qu’à un manque de vigilance et de zèle pour les intérêts de mon pays, dont la prospérité a toujours été le principal objet de mes soins[1]. »
Et il écrivait le même jour à Robert Morris, commissaire du Congrès :
« Loin de me croire affranchi de toutes les obligations civiles, par cette marque de confiance que me donne le Congrès, j’aurai toujours présent à l’esprit que, si l’épée a été notre dernière ressource pour sauver nos libertés, c’est aussi la première chose dont il faut se défaire quand ces libertés seront solidement établies[2]. »
Avant même d’avoir reçu cette réponse, Washington avait pris une résolution hardie, celle d’attaquer l’ennemi dans ses quartiers d’hiver, pour ranimer l’esprit public et l’esprit de l’armée. C’était, disait-il, la nécessité, la cruelle nécessité qui l’obligeait d’agir avec une poignée d’hommes[3]. Pour cela il songea à repasser la Delaware, et à attaquer deux corps de Hessois, placés à Trenton et à Borden-Town, les barrières des Jerseys. Ces étrangers, qui ne parlaient point la langue du pays,