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dépense ; l’argent n’est pas le seul objet à considérer.

« On pensera peut-être que je m’écarte de la ligne de mes devoirs en donnant des conseils avec tant de liberté ; mais une réputation à garder, des biens à conserver, la crainte de perdre la liberté, le plus cher de tous les biens, enfin une vie dévouée au service du pays, peuvent me servir d’excuse. »

Le Congrès (et c’est là son plus bel éloge) comprit ce noble et patriotique langage ; le 27 décembre 1776 il déclara que, pour éviter la servitude dont la Grande-Bretagne menaçait l’Amérique, « il était nécessaire de recourir au pouvoir militaire afin de sauver la liberté civile, et qu’un corps nombreux, délibérant, et éloigné du théâtre de la guerre, n’était pas en état de conduire avec vigueur et décision les affaires militaires. »

En conséquence, le Congrès donnait à Washington une véritable dictature militaire, dont il bornait seulement la durée à six mois. On l’autorisait à lever le nombre de troupes qu’il avait demandé, cent-quatre bataillons d’infanterie, trois mille chevaux, trois régiments d’artillerie et un corps d’ingénieurs dont il fixerait la solde ; en outre, on lui donnait le droit de requérir les milices partout où il le jugerait nécessaire ; de former des magasins où et quand il le jugerait à propos, de nommer à tous les grades au-dessous de celui de brigadier général, de prendre par réquisition tout ce qui serait nécessaire à l’armée, d’arrêter toute personne non affectionnée à la cause américaine, ou qui refuserait de recevoir le papier-monnaie, à charge d’en-