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situation. Jamais homme n’a eu, je crois, plus de difficultés à vaincre, et moins de ressources pour les combattre. Convaincu cependant de la justice de notre cause, je ne puis me figurer que nous succombions, bien que notre étoile puisse rester quelque temps encore cachée dans le nuage. »

Le 20 décembre, il écrivait au président du Congrès qu’il avait ordonné le recrutement de trois bataillons d’artillerie ; et demandait qu’on étendît ses pouvoirs.

« … Dans dix jours, notre armée n’existera plus. Si le court intervalle qui nous reste est employé à consulter le Congrès sur l’opportunité des mesures à prendre, opportunité évidente pour tous, si nous attendons qu’il nous ait fait parvenir ses décisions à une distance de cent quarante milles, nous aurons perdu un temps précieux et manqué notre but.

« On m’objectera que je réclame des pouvoirs qu’il est dangereux de confier ; mais aux maux désespérés il faut des remèdes extrêmes. Je déclare en toute sincérité que je n’ambitionne pas ces pouvoirs, je soupire aussi ardemment qu’aucun autre citoyen après le moment où nous pourrons abandonner l’épée pour la charrue ; mais, comme officier et comme homme, je suis obligé de déclarer que personne n’a jamais rencontré autant d’obstacles que moi sur sa route. Il est inutile d’ajouter que la courte durée des enrôlements et notre confiance aveugle dans la milice ont amené tous nos malheurs, et causé l’effrayant accroissement de notre dette. L’ennemi se recrute chaque jour de nos mécontents. Ses forces s’accroîtront comme la boule de neige qui roule, si nous n’imaginons pas quelque moyen d’en arrêter le progrès. »

Washington demandait une armée en état de lutter contre l’ennemi. Il lui fallait cent-dix bataillons ; « ce n’est pas, selon moi, le moment de reculer devant la