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prudence de Washington, qui, en passant la Delaware, avait fait rassembler tous les bateaux de façon à n’en laisser aucun du côté de New-Jersey, et ensuite par l’inaction du général Howe, qui satisfait de sa campagne, et voyant arriver l’hiver, remit au printemps la suite de la guerre, et ordonna à lord Cornwallis de prendre ses quartiers d’hiver dans le New-Jersey.

Washington ne perdit pas un moment pour refaire une armée. Il lui vint des soldats de différents côtés, quatre régiments de l’armée du Nord, et enfin la milice de la cité et du comté de Philadelphie, qui s’était bravement portée à son secours. Néanmoins ses espérances n’étaient pas grandes ; il était visible qu’avec ces milices flottantes on ne résisterait jamais à des armées régulières.

Il écrivait le 18 décembre 1776 :

« Je ne doute point que le général Howe ne fasse cet hiver quelque tentative sur Philadelphie ; je ne vois pas comment nous pourrons lui résister dans une quinzaine de jours, époque à laquelle expirent les engagements de toutes nos troupes, excepté celles de la Virginie, déjà fort réduites, et le régiment de Smallwood, composé de gens du Maryland. En un mot, si l’on ne fait un suprême effort pour recruter une nouvelle armée, je crains que la partie ne soit bientôt perdue ; triste dénoûment, auquel n’auront pas peu contribué les intrigues de l’ennemi, le mauvais esprit de certaines colonies, le système ruineux des engagements à courte date, et la confiance aveugle qu’on a placée dans la milice. Ces conséquences fâcheuses, je les ai prévues et presque prophétisées il y a seize mois.

« Vous ne pouvez vous faire une idée des embarras de ma