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New-York était évacué, les Anglais en prirent possession le 15 septembre, et s’y maintinrent jusqu’à la fin de la guerre. Ce fut là que se réfugièrent tous les tories,

Jusque vers la fin d’octobre, Washington se maintint sur les hauteurs de Haarlem, essayant d’aguerrir ses soldats, et peu à peu de les habituer au feu ; un engagement, qui eut lieu le 28 octobre aux White plains, montra que les soldats se faisaient à leur métier ; mais l’hiver approchait, et aussi le congé des milices ; l’armée américaine fondait à vue d’œil ; et quand les Anglais, sous les ordres de lord Cornwallis, menacèrent d’envahir les Jerseys, Washington n’avait avec lui que trois mille cinq cents hommes. Ce fut avec cette poignée de soldats qu’il lui fallut se retirer, ou plutôt fuir devant l’ennemi. Sa situation nous est exprimée avec une grande vérité par un contemporain qui a écrit jour par jour l’histoire de la révolution américaine, le docteur Ramsay.

« Pendant que les Américains en retraite traversaient le pays, personne ne se joignait à eux, tandis qu’une foule d’habitants couraient au-devant de l’armée royale, pour faire leur paix et obtenir protection. D’un côté était une armée nombreuse, bien habillée, bien équipée, qui séduisait les yeux par l’élégance de l’uniforme ; de l’autre une poignée de pauvres soldats, que leurs tristes vêtements avaient fait surmonter ragamuffins (les déguenillés), et qui fuyaient pour sauver leur vie. Ce ne fut pas seulement le peuple qui changea de parti dans cette triste condition des choses ; quelques-uns des