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River, et chercha un point de débarquement sur l’île de New-York. Enfermer l’armée dans l’île, c’était finir la guerre d’un coup. Les milices américaines lâchèrent pied, prises d’une terreur panique : « Je fis tout ce que je pus pour les rallier et les ramener au feu, écrit Washington[1], mais ce fut en vain ; à l’approche d’un petit corps ennemi composé de soixante ou soixante-dix hommes le désordre s’accrut, et nos hommes disparurent dans la plus grande confusion, sans tirer un seul coup de fusil. »

Ce fut, dit-on, la seule fois que Washington perdit son sang-froid accoutumé. « Son Excellence, écrit le général Greene, était si indignée de l’infâme conduite de ses troupes, qu’elle ne songeait plus qu’à mourir[2]. » Il fallut que ses aides de camp saisissent la bride de son cheval, et l’entraînassent dans une direction opposée. Sa profonde douleur perce dans la lettre écrite le 16 septembre au président du Congrès. « Nous sommes maintenant campés sur les hauteurs de Haarlem, où l’ennemi, j’espère, ne trouvera qu’une défaite en cas d’attaque, si toutefois nos soldats veulent bien montrer un peu de bravoure. Mais l’expérience m’a convaincu, à mon grand regret, qu’il faut plutôt souhaiter ce résultat que l’attendre. Quoi qu’il en soit, j’espère qu’il se trouvera dans nos rangs des gens qui combattront comme des hommes, et qui prouveront qu’ils sont dignes de la liberté. »

  1. Au président du Congrès, 16 septembre 1776.
  2. Lord Mahon, t. VI, p. 120. Corresp. de Wash., lettre du 16 septembre. Note.