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pays. Si Sa Seigneurie n’a pas de pouvoirs suffisants pour traiter avec nous comme États indépendants, il peut, si l’Angleterre a quelque bon vouloir, obtenir des pouvoirs nouveaux bien plus aisément que le Congrès n’obtiendra des colonies un consentement à se soumettre. »

Ainsi finit la conférence[1] ; les commissaires s’étaient assurés que lord Howe n’avait même pas le pouvoir d’accorder un pardon général aux Américains s’ils rentraient dans l’obéissance ; le Congrès publia tout ce qui s’était passé dans la réunion, afin d’éclairer le peuple des États-Unis.

N’ayant plus d’espoir du côté du Congrès, lord Howe adressa une proclamation au peuple américain. Il y blâmait les prétentions d’indépendance, prétentions extravagantes et inadmissibles, qu’osait mettre en avant une Assemblée que les Américains égarés souffraient à leur tête ; il promettait le redressement des lois et des mesures dont les colonies se plaignaient, il garantissait la liberté de législation intérieure, et enfin il conseillait aux habitants de réfléchir sérieusement s’il ne valait pas mieux retourner à l’allégeance de la Grande-Bretagne que de sacrifier leurs biens et leurs vies à une cause injuste et précaire.

Cette proclamation, et surtout les désastres de la

  1. En finissant, lord Howe assura son vieil ami, le docteur Franklin, que c’était pour lui un profond chagrin que d’affliger des personnes pour qui il avait tant d’estime.

    « Je remercie Votre Seigneurie de ce bon sentiment, répondit Franklin avec sa bonne humeur ordinaire ; de leur côté, les Américains tâcheront de diminuer la peine que vous ressentez, en prenant bon soin de leur propre personne, » (Wash. Irving., p. 592.)