« Notre position est des plus tristes, écrit-il au Congrès[1]. L’échec que notre division a éprouvé a démoralisé une grande portion de nos troupes, et a jeté dans les esprits la crainte et le désespoir. Au lieu de se roidir par un nouvel effort, la milice est découragée, intraitable, impatiente de retourner dans ses foyers. Il y a déjà un grand nombre d’hommes qui sont dispersés ; des régiments et des compagnies s’en vont tout d’un coup… L’insubordination devient contagieuse, elle gagne ceux qui restent et produit un mépris complet de la discipline et de l’obéissance.
« C’est donc avec un profond chagrin que je me vois forcé de vous avouer le peu de confiance que j’ai dans la généralité de mes troupes… Jusqu’à ces derniers jours, je ne doutais pas que je pouvais défendre New-York ; je n’en douterais pas encore, si les soldats voulaient faire leur devoir ; mais de cela, j’en désespère.
« Il m’est extrêmement pénible de donner d’aussi mauvaises nouvelles ; mais en des circonstances aussi critiques, ce serait un crime que de cacher la vérité. »
En même temps Washington signalait la cause du mal, c’est qu’on ne pouvait compter sur la milice[2]. Il fallait des troupes régulières et engagées pour un assez
- ↑ 2 septembre 1776.
- ↑ « On ne peut discipliner en quelques jours des hommes qui ont vécu libres et sans contrôle ; les privilèges qu’ils s’arrogent, les exemptions qu’ils obtiennent exercent une fâcheuse influence ; l’appui qu’ils prêtent dans le combat est contre-balancé par la discorde, l’irrégularité et la confusion dont ils sont cause. » (Lettre du 2 septembre 1776.)
Reed écrivait : « Quand je regarde autour de moi, et que je cherche ceux qui parlaient si haut d’honneur et de mort, je tombe de surprise en surprise. Quelques-uns de nos messieurs de Philadelphie qui étaient venus nous voir ont disparu avec une excessive vitesse au premier coup de canon. Ces fils de la liberté qui, ailleurs, font tant de bruit sont les plus silencieux sur le champ de bataille. Wash. Irving., Vie de Washington, p. 589.