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mes troupes, on me soutiendra… Et quoique cet appel à leur courage puisse ne pas tourner aussi heureusement que je le souhaite, l’ennemi ne réussira pas sans pertes considérables. Tout avantage leur coûtera cher[1]. » C’est le langage d’un grand homme, prévoyant la défaite, et cependant décidé à résister le plus longtemps possible, parce que la résistance est un devoir.

Avec ce calme coup d’œil, et cette force intérieure qui est aussi loin de l’illusion que du désespoir, Washington avait lu dans l’avenir ; le 27 août, les Américains étaient battus à Long-Island ; les gens du Sud avaient tenu vaillamment, les autres, nouvelles recrues, et dans une mauvaise position, n’avaient pu résister à des troupes disciplinées. Washington était resté quarante-huit heures à cheval, mais tous ses efforts avaient été inutiles ; il lui fallut évacuer Long-Island et se retirer à New-York, en faisant passer l’East-River à ses troupes ; opération difficile, et qu’à l’aide d’un brouillard épais il exécuta heureusement.

La retraite lui faisait honneur, mais la situation était déplorable. Cette armée composée de milices était démoralisée. Ces soldats, enrôlés pour un service de six semaines avec gratification de 10 dollars, formaient suivant les justes paroles de Washington[2] « un corps de troupes qui arrive et s’en va sans but ni raison, agit où et comme il lui convient, absorbe vos provisions, épuise vos munitions, et finit par vous abandonner au moment critique.

  1. Marshall’s, Life of Wash., II, p. 393 (8 août 1776).
  2. Lettre du 20 décembre 1776.