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DEUXIÈME LEÇON.
premiers essais de taxer les colonies. — premiers projets d’union. — lettre de franklin.


En 1748, Montesquieu consacrait un chapitre de l’Esprit des Lois[1] à exposer les institutions anglaises. Il le faisait avec une timidité extrême, à mots couverts, en mettant toutes choses au conditionnel, en donnant comme des hypothèses le résultat d’une longue et patiente étude faite sur place. On dirait d’une série d’énigmes dont le lecteur doit deviner le mot.

C’est dans ce chapitre qu’il consacre quelques lignes aux colonies d’Amérique :

« Si cette nation envoyait au loin des colonies, elle le ferait plus pour étendre son commerce que sa domination.

« Comme on aime à établir ailleurs ce qu’on trouve établi chez soi, elle donnerait aux peuples de ses colonies la forme de son gouvernement propre, et ce gouvernement portant avec lui la prospérité, on verrait se former de grands peuples dans les forêts même qu’elle enverrait habiter. »

Ces paroles de Montesquieu, obscures dans la forme, justes au fond, nous donnent la date à laquelle l’Amé-

  1. Liv. XIX, ch. xxvii.