Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



font les Anglais comme étant à la fois injuste et insensée. Je suis convaincu que la froide et impartiale postérité condamnera à l’infamie les hommes qui en ont été les instigateurs ; la victoire même ne pourra pas effacer la honte des généraux qui se sont volontairement engagés à nous attaquer. »

Avant d’avoir reçu cette réponse, lord Howe envoya à Washington un parlementaire avec une lettre. La lettre était adressée à M. George Washington, écuyer. Le colonel Reed répondit qu’on ne connaissait personne de ce nom dans l’armée. Lord Howe, général anglais, envoyé dans une colonie britannique en révolte, ne voulait pas reconnaître à Washington un titre révolutionnaire. De son côté, Washington refusa de recevoir le message adressé à un simple particulier : « Je ne sacrifierai jamais une chose essentielle à une vaine étiquette, écrivait-il au Congrès, mais, pour mon pays et pour ma position, j’ai cru devoir insister sur une marque de considération à laquelle je ne tiendrais pas si l’honneur du pays n’y était engagé. »

Le Congrès approuva cette juste susceptibilité, et il eut raison ; les négociations furent ainsi arrêtées dès le premier jour.

Au moment où il parlait avec cette fierté patriotique, Washington était dans une situation difficile, et ne se faisait pas d’illusion sur les dangers qu’il courait. Pour couvrir New-York, il n’avait pas plus de 10 000 hommes ; c’était trop peu pour garder la baie et arrêter l’ennemi. « Mais, écrivait-il au Congrès, autant que j’en puis juger par le langage et les dispositions apparentes de