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« Offrir le pardon à des colonies qu’on a outragées, c’est, en vérité, montrer qu’on nous croit encore l’ignorance, la bassesse, l’insensibilité que votre aveugle et orgueilleuse nation s’est longtemps plu à nous supposer… Il est impossible que nous songions à nous soumettre à un gouvernement qui, avec la plus insigne barbarie, a, dans le fort de l’hiver, brûlé nos villes sans défense, excité les sauvages à massacrer nos paisibles cultivateurs, nos esclaves à assassiner leurs maîtres, et qui, en ce moment même, nous envoie des stipendiaires étrangers pour inonder de sang nos provinces.

« … Quand il nous serait possible d’oublier et de pardonner, vous ne pourrez jamais, vous, Anglais, pardonner à un peuple que vous avez si cruellement offensé… Le souvenir du mal que vous nous avez fait vous pousserait à nous accabler de la plus cruelle tyrannie, et à employer tous les moyens pour nous empêcher d’acquérir de la force et de prospérer. »

Franklin ajoute qu’une seule chose est possible : la paix, c’est-à-dire la reconnaissance de l’indépendance américaine ; elle est possible, dit-il, avant que nous ayons contracté des alliances étrangères ; l’Angleterre y gagnera un commerce étendu, tandis que la guerre l’écrasera.

Franklin rappelle que, malgré toutes les calomnies dont il a été l’objet en Angleterre, personne plus longtemps que lui ne s’est efforcé de conserver l’Empire britannique, ce magnifique vase de porcelaine qui, une fois brisé, n’est plus réparable, et a perdu la moitié de son prix ; il rappelle à lord Howe que lui, Franklin, a pleuré de joie à Londres quand il a cru la réconciliation possible, mais à présent il est trop tard.

« Je considère, dit-il en finissant, la guerre que nous