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divine, sur la parole de Dieu ; qu’une couronne y soit déposée, pour que le monde apprenne qu’en Amérique le roi, c’est la loi ; car, de même que dans les gouvernements absolus le roi est la loi, ainsi, dans les pays libres, la loi doit être le roi, et il n’en faut pas d’autre. Mais, pour qu’on n’abuse point de ce symbole, brisez la couronne après la cérémonie, et partagez-en les morceaux au peuple, car c’est à lui qu’elle appartient. »

À ces vaines déclamations, Paine ajoutait des réflexions plus justes.

La protection de l’Angleterre, disait-il, avait toujours été ruineuse pour l’Amérique ; on avait toujours engagé les colonies malgré elles dans toutes les guerres que soulevait l’ambition anglaise ; il suffisait à l’Amérique de se déclarer indépendante pour vivre en paix avec tout le monde, et en même temps pour donner l’essor à ce commerce, qui ne demandait que la liberté pour se déployer.

Il disait encore, et c’était la pensée de tout le monde, que l’Amérique rebelle ne pouvait trouver d’appui au dehors ; on ne se compromet pas inutilement ; mais que l’Amérique indépendante, en offrant au commerce étranger un marché de trois millions d’hommes et une alliance contre le monopole et l’ambition de l’Angleterre, devait trouver des amis en Europe, et surtout en France. En ce point il avait raison, et lisait dans l’avenir.

Le pamphlet de Paine eut un grand effet, mais l’Angleterre fit plus encore, et précipita la séparation. L’arrivée des soldats étrangers, l’occupation de Boston,