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troisième et la principale s’emparerait de New-York, et par l’Hudson donnerait la main à l’armée du Canada.

Les résolutions du Parlement arrivèrent en Amérique en mars 1776 ; l’effet fut celui que l’opposition avait prédit. Jusque-là les colonies étaient pleines de gens qui voulaient espérer contre toute espérance ; on en avait eu la preuve dans les adresses et pétitions du Congrès de 1775 ; et quand, en juin 1775, le Congrès avait ordonné un jour de jeûne et de prières, un des motifs indiqués dans la proclamation avait été « de supplier le Tout-Puissant de répandre ses bénédictions sur George III, et de lui inspirer la sagesse. »

Mais l’affaire de Lexington, le sang versé à Bunker-Hill, et surtout les lois votées par le Parlement, dissipèrent les dernières illusions. On n’est pas longtemps le fidèle sujet d’un prince qui vous fait tuer par des mercenaires à cinq sous par jour. Aussi, dès le mois d’avril 1776, voyons-nous le chief-justice de la Caroline du Sud, William-Henry Drayton, dans son résumé au grand jury, ne pas craindre de dire : « Le Tout-Puissant a créé l’Amérique pour être indépendante de la Grande-Bretagne. Ce serait de notre part une impiété que de nous retirer, et de ne pas agir comme instruments dans cette main toute-puissante qui s’étend pour accomplir sa volonté. L’indépendance seule peut mettre l’Amérique à l’abri des perfides desseins de ses ennemis, qui déjà lui trouvent un pouvoir et une prospérité trop grande. Notre devoir comme chrétiens, notre salut comme Américains sont tellement mêlés ensemble, que refuser notre part de labeur dans cette œuvre divine,