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C’était le vieux général Oglethorpe, le bienfaisant fondateur de la Géorgie en 1732.

À la grande surprise du ministère, le respectable vétéran accepta le commandement, à la condition d’être convenablement soutenu. On lui promit une armée d’élite, une flotte nombreuse, à quoi il répondit : « Je me charge de l’affaire, sans un homme et sans un vaisseau. Autorisez-moi seulement, dès mon arrivée, à assurer aux colons que vous leur ferez justice. Je connais le peuple américain ; je puis affirmer à Sa Majesté qu’elle n’a nulle part des sujets plus obéissants et plus loyaux. En leur faisant justice vous pouvez compter sur leur obéissance, mais vous ne les soumettrez jamais par la force[1]. »

Cet avis, le dernier, donné par un vieillard, ne fut pas plus heureux que les autres ; le commandement fut donné à sir William Howe, officier de mérite qui avait déjà servi en Amérique, et qui fit tout ce qu’on pouvait attendre d’un bon soldat dans la guerre difficile dont on l’avait chargé.

Il fut résolu qu’on ouvrirait la campagne avec des forces suffisantes « pour décourager toute résistance, et amener la soumission sans effusion de sang. » On attaquerait de trois côtés, de façon à couper les colonies et à s’appuyer sur celles qu’on croyait les plus loyales. On chasserait l’invasion américaine du Canada, et de là on prendrait les provinces de l’Est à revers ; la seconde expédition serait envoyée dans le Sud, à Charleston ; la

  1. Ramsay, I, 287.