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les pirates, les bandits et les ennemis de la société humaine[1].

Qu’importait au ministère ? Il avait la majorité dans le Parlement et le pays ; il n’avait besoin ni d’être juste, ni d’être humain ; il n’y a rien d’insolent comme la force, surtout la force d’opinion qui ne craint même pas ce qui peut arrêter la force militaire. Sur cette question de la presse des matelots, le ministre répondit avec impertinence que « cette mesure était un acte de grâce et de faveur ; chacun de ces rebelles méritait la mort comme traître, et cependant pour toute punition, une fois sur les vaisseaux de Sa Majesté, on le traiterait sur le même pied qu’un grand nombre de sujets fidèles et utiles… Au surplus, la solde qu’il toucherait au service de son souverain légitime serait une compensation pour tous les scrupules que pourrait éveiller cette prétendue violation de leurs principes. »

Ce fut avec le même dédain et des sophismes de même force que le ministère défendit la légitimité et l’emploi de troupes mercenaires contre des citoyens. Les Américains, en se révoltant, s’étaient, disait-il, constitués étrangers, ils ne pouvaient se plaindre qu’on employât des étrangers contre eux. D’ailleurs, ajoutait-il, « des troupes étrangères, imbues de l’esprit militaire, et habituées à l’obéissance passive, se laisseront moins facilement égarer par cette fausse humanité à laquelle pourraient céder des soldats anglais, au grand dommage de l’intérêt national[2]. »

  1. Ramsay, I, 284.
  2. Id., ibid., 285.