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à-dire toutes les puissances d’Europe à se coaliser contre d’abominables prétentions.

Le même bill autorisait la couronne à envoyer aux colonies des commissaires, portant d’une main l’épée et de l’autre la branche d’olivier, pour redresser les griefs particuliers ou généraux, et décider si une colonie ou une portion de colonie était rentrée dans l’obéissance ; auquel cas, et sur simple déclaration des commissaires, les sévérités de la loi cessaient à l’instant.

Ce bill cruel fut attaqué avec véhémence[1]. Cette rapine autorisée, qui remplaçait chez les Anglais l’honneur et la gloire par la piraterie, et qui forçait les Américains à s’unir comme un seul homme pour défendre leurs biens et leur vie, fut dénoncée comme une honte et une folie, « Il faut intituler ce bill, s’écria-t-on, Bill pour mettre plus fortement à exécution les résolutions du Congrès américain.

La presse des matelots fut dénoncée dans la Chambre des lords « comme un raffinement de tyrannie plus cruel que la mort. » On ajouta, et avec raison, qu’on ne pouvait pas confisquer les biens d’un homme, parce que c’est un ennemi, et en même temps confisquer sa personne et le forcer à servir, parce que c’est un citoyen. Contraindre des prisonniers à porter les armes contre leur famille, leurs amis, leur patrie ; les piller d’abord, et les rendre ensuite complices de la ruine de leurs frères, c’était là un acte sans exemple, sinon parmi

  1. Lord Chatham était retombé malade, il ne put parler ; mais, pour protester, il ne voulut pas que son fils servît au Canada. (Lord Mahon, t. VI. p. 77.)