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étrangers, qu’on acheta au landgrave de Hesse-Cassel et au duc de Brunswick[1]. C’était ainsi que le roi George entendait l’humanité.

Un autre bill, du 20 novembre 1778, interdit tout commerce avec les treize colonies unies. Tout vaisseau, toute marchandise américaine saisis sur la haute mer ou dans les ports furent déclarés prise de guerre, et attribués à l’équipage qui en ferait la capture.

Enfin, par une clause injustifiable, que l’Angleterre a cependant maintenue après l’indépendance de l’Amérique, clause qui a amené la guerre des États-Unis en 1812, et qui dort aujourd’hui dans quelque statute-books sans avoir été formellement révoquée, il fut déclaré que les maîtres d’équipage et autres personnes capturés sur des vaisseaux américains seraient transportés sur les navires de Sa Majesté, pour y servir comme s’ils eussent été librement enrôlés. En d’autres termes, il fallait que, sous peine d’être fustigé et au besoin fusillé, un matelot américain portât les armes contre ses compatriotes, et aidât à les tuer. C’est là un mépris de la liberté et du droit qu’on n’a jamais trouvé qu’en Angleterre, et qui devait bientôt amener les neutres, c’est-

  1. 16 000 suivant Pilkin, I, 358 ; Ramsay, I, 285. On avait songé à la Russie ; le landgrave de Hesse en vendit 12 000, le duc de Brunswick et d’autres petits princes 5 000 de plus. On payait, au duc 30 couronnes (180 francs) par homme, plus un subside de 450 000 couronnes par an. (Lord Mahon, VI, 90.) Ce fut avec cet argent qu’il construisit son Versailles, Wilhelms-Hœhe. Frédéric II, toujours plaisant, mais plus humain, n’autorisait pas chez lui ces enrôlements, et faisait payer à ces misérables le viehzoll, ou impôt du bétail, quand ils traversaient ses États.